Encres

Mosaïques

Gravures sur bois

Espace d’Expressions Sacrées

La Fondation du Parfum de Béthanie conserve les tableaux de Madeline ainsi que les oeuvres qui l’ont inspirée dans l’Espace d’Expressions Sacrées.

Une abondante bibliothèque sert de commentaire aux oeuvres qu’y sont conservées et aux autres oeuvres de Madeline Diener qui existent de par le monde.

Il est possible de visiter l’Espace d’Expressions Sacrées sur rendez-vous en écrivant à parfumdebethanie@gmail.com

Tout ce qui est exposé dans l’Espace d’Expressions Sacrées témoigne de la liberté que Madeline tirait d’une vaste culture et d’une solide formation théologique. Cependant, cette artiste constatait: “Je ne suis pas une intellectuelle, je pense avec mes mains”. Elle avait appris en apprentissages chez de grands artistes contemporains la maîtrise de nombreuses techniques artistiques: impressions sur tissus, mosaïques, gravures, avec Stoffel, Alberto et Dino Giacometti, Schneider Manzell et d’autres.
Ainsi, c’est avec ses oeuvres concrètes qu’elle parle aujourd’hui encore. C’est pourquoi, sa Fondation propose la libre consultation de ses diverses collections, la visite des réalisations spécifiques qu’elle a exécutées en Suisse comme en France et même des ateliers pour approfondirla compréhension de la démarche intérieure qui accompagnait sa pratique des diverses techniques…
Les méthodes requises correspondant toujours à l’expression de son message.

Activités du Parfum de Béthanie

22 Octobre 2017 Visite des oeuvres de Madeline Diener à l’abbaye de St-Maurice. Thème: L’iconographie du baptême.
Rdv: 14:45 devant l’entrée de la Basilique de Saint Maurice. Inscriptions: parfumdebethanie@gmail.com

19 Novembre 2017 Visite des oeuvres de Madeline Diener dans l’église Saint Etienne à Bottens. Thème: l’oecuménisme.
Renseignements: parfumdebethanie@gmail.com

10 décembre 2017 à 15h Visite du chemin de croix de l’église du St-Rédempteur à Lausanne, oeuvre de Madeline Diener.
Renseignements: parfumdebethanie@gmail.com

18 Février 2018 Rencontre à Saint-Maurice de 10:45 à 17h au 4ème étage de l’internat du Collège de Saint-Maurice.
Visite de l’Espace d’Expression Sacrée et des collections de Madeline Diener.
Présentation de fr. Pierre de Marolles O.P. et discussion libre sur le thème de l’art sacré et projets futurs.
Renseignements: parfumdebethanie@gmail.com

L’union des membres du peuple de Dieu

Madeline Diener a souvent été critiquée par ses pairs parce que son ouverture à tous la portait à associer à ses réalisations des personnes non catholiques et parfois indifférentes aux religions, ainsi que de bénévoles non artistes professionnels, pourvu que tous souhaitent participer à l’effort commun de chercheurs de la Vérité.

Tapisserie, église de St-Jean-Porte-Latine

Cette tapisserie et d’autres qui décorent l’église de St-Jean-Porte-Latine à Antony, dans la banlieue parisienne, a été réalisé réalisée par les paroissiens qui ont collaboré avec Madeline.

Son don d’animatrice doublait alors son talent artistique ; et elle parvenait à susciter de la part de ces néophytes un sens inné de la beauté. Elle ne renonçait pas à réussir les œuvres, mais elle savait hisser ses collaborateurs passagers au niveau de leur intuition personnelle, de la « lumière intime » dont parle le Pape François. Le livre qui présente les divers travaux dont cette artiste a eu l’initiative détaille plusieurs exemples frappants de ce partage entre les membres du « Peuple de Dieu », à Saint-Bonnet de Bourges, à Saint-Jean-Porte-Latine, à l’hôpital de Perret-Vaucluse etc… Assez vite, la publicité faite autour de ces vastes compositions lui valut des expositions de ces réussites puis des cours aux sessions de formation proposées par l’Ecole des catéchistes parisiens ou la Semaine Romande de Musique et Liturgie. Plus encore, ce sens charismatique de la communauté conduisit Madeline à créer, en 1966, l’Association des Alouettes pour mettre des « favorisés » au service du développement des délaissés des Cités en unissant nos cultures différentes. En 1997, elle fonda « Le Parfum de Béthanie pour mettre son patrimoine artistique à la disposition des jeunes.

L’obscurité de la foi

Autoportrait à la craie

Une foi si ferme n’a pu se nourrir d’illusions : tantôt lumineuse et tantôt obscure, selon que le cours de la vie ébranlait la vive sensibilité de cette artiste, une sérénité exceptionnelle exprimait toujours l’acquiescement total de sa foi. Même les tableaux profanes, ne l’étaient pas pour elle, et des visiteurs de ses expositions se plaignaient parfois de les ressentir comme s’ils étaient religieux !

Sans doute, cette simplicité transcrivait-elle son attente de l’union de tous les rachetés autour de l’Agneau de Dieu.

Apocalypse, dans le livre “Bérith”, édition Saint Augustin

Une présentation de la foi respectueuse des autres croyances: le baptistère de Saint Maurice

Baptistère de la basilique de Saint Maurice

Voulant honorer la démarche des Juifs et celle des Musulmans en même temps que celle des Chrétiens, Madeline plaça à l’entrée de la chapelle du baptistère la représentation de l’acte de confiance d’Abraham et d’Isaac.
Photo de la mosaïque du sacrifice d’Abraham

Cette évocation est développée par la suite des scènes de salut qui décorent le mur suivant, mais elle est finalement expliquée, en face, par la guérison de l’aveugle de Siloé, sa vision de la Jérusalem céleste et l’identification d’Etienne au sacrifice du Christ et à la résurrection du Sauveur.

Jésus et la femme samaritaine, baptistère de la basilique de Saint Maurice

 

Ce salut est un pardon offert à tous car Jésus a rencontré des personnes éduquées en dehors du judaïsme et Il les a accueillies : la Samaritaine, le centurion de Capharnaüm, la Cananéenne, et même des pécheurs exclus de la communauté juive : Zachée, la Femme adultère, la Pécheresse, le Bon larron…Comment comprendre l’exemple qu’Il nous laisse ? Or, si on privilégie le respect de l’ineffabilité de Dieu, on peut remarquer la complémentarité des actes de foi qui ne peuvent être traduits en raisonnements seulement rationnels : la foi est adhésion de tout l’être à « Celui qui est au-delà de tout », donc au-delà même de l’intelligence. Dieu seul connait le secret des cœurs.

Le respect de Madeline Diener pour toutes les consciences individuelles renforçait son action de grâce pour la foi catholique qui l’animait depuis son enfance, et son zèle pour partager sa prière avec tous ceux qui regarderaient ses œuvres.

Les bas-reliefs de la cuve baptismale, basilique de Saint Maurice

Cela parait dans les sculptures de la cuve baptismale elle-même : autour de la purification d’Adam et Eve on voit les symboles bibliques de la soif de Dieu tels que les cerfs affrontés ou les oiseaux qui picorent l’Arbre de vie. Mais les images de l’espérance des anciens Egyptiens ou Grecs sont là aussi : le chant de la grenouille annonçant la crue bienfaisante du Nil et le lièvre, l’animal familier de Vénus, la déesse de l’amour.

Faut-il alors considérer l’action de grâce pour la révélation paradoxale de l’Evangile en l’opposant aux éléments des autres religions qui portent sur des réponses essentielles au questionnement des hommes ? Ou bien faut-il considérer ceux-ci comme les lettres d’un alphabet qui déclineraient pour toute l’humanité le secret du Mystère transcendant, selon une Sagesse divine qui nous dépasse. En ce cas, il nous faut respecter toutes les croyances. Lorsqu’il les appela pour prendre son dernier repas avec eux, au bord du lac, Jésus confia  à Pierre: «Sois le berger de mes brebis» de son troupeau (Jean 21, 17).

Repas au bord du lac de Tibériade

Où voir la spécificité de l’art de Madeline

Lorsque les intuitions du Concile Vatican II obligèrent à inventer des nouvelles formes de mobilier liturgique, orientant beaucoup de ses contemporains vers une rupture brutale avec les œuvres du passé, elle chercha des solutions dans les réalisations des cultures exotiques car elle ne voulait pas cacher le travail de ses prédécesseurs. La sculpture africaine des Bambara du Mali enveloppe le vide plutôt qu’elle ne lui impose une forme pleine. Cela inspira les nombreux socles d’autel évidés sculptés par Madeline qui permettaient d’entrevoir les anciens autels encore accolés aux murs. Ce n’était pas que l’emprunt d’un procédé pratique, mais l’expression de l’ineffabilité du Mystère exprimée par ces Africains et partagée par les Chrétiens : « O toi, l’Au-delà de tout… Prends pitié, N‘est-ce pas tout ce qu’on peut chanter de toi ?  » chantait Saint Grégoire de Nazianze, au IV° siècle et son hymne est encore célébré dans l’Office public des moines.

Au demeurant, l’ample bibliothèque que Madeline Diener a légué au Parfum de Béthanie prouve la rigueur intellectuelle dont elle nourrissait son travail, d’autant plus qu’elle partageait la vocation d’une amie, docteur en théologie, au titre de ses études des relations entre l’art et la foi.

En dialogue avec la réflexion de chacun

Madeline diener, Le poisson Saint Pierre

Instruite par l’Evangile, Madeline cherchait en tout à être « une humble fille de Pâques » pour que « Jésus parle au cœur de tout le monde », quelle que soit la langue de chacun. En effet, elle constatait : « Jamais nous n’aurons fini de regarder les uns dans les autres et ensemble les reflets de la beauté de Dieu. Je crois que je chercherai toujours le soleil dans les poissons, c’est une forme de mon regard, bien que j’aie un peu appris (non par moi-même) à regarder le soleil en face, de manière éblouie, c’est évident ; mais enfin cela ne supprime pas les poissons et leurs écailles qui reflètent le soleil couchant. »

Mosaïque de la cour du collège de St-Maurice

Respectueuse des étapes de la foi des jeunes, Madeline voulut décorer la tour d’aération du sous-sol du Collège de Saint Maurice en l’entourant d’une mosaïque qui reprend les plissements du rocher qui la surplombe… « Où étais-tu quand je fondais la terre ? » demande Dieu à Job. Et cette attention passionnée à la Nature enracine toutes les recherches spirituelles des hommes.

Intérieur de la porte des martyrs, basilique de Saint Maurice

Car Madeline tenait à respecter la prière de tout homme sous ses mots à lui. Chacune des diverses expressions religieuses sonnait à ses oreilles comme un écho de la Révélation plénière de l’Ecriture Sainte. Même les noms des martyrs sculptés dans le bronze des caractères de leurs langues maternelles sur la porte d’entrée de la basilique de Saint Maurice sont entourés des feuillages du pays de chacun.

L’exemple de Jésus face aux non-croyants de son temps

Nous proclamons l’unicité divine comme si elle allait de soi, or elle suppose déjà la confession d’une Réalité transcendante à ce qui nous est perceptible, donc un sens à la vie tout différent de ce qui paraîtrait normal. Il n’est pas tellement surprenant que tant d’hommes honorent plusieurs dieux à partir de la reconnaissance de leur faiblesse. Et c’est déjà inespéré que certains proclament une différence radicale entre leur existence et celle de l’Etre incréé qu’ils n’osent pas personnifier.

Que certains reçoivent la révélation de l’unicité divine est tellement extraordinaire qu’on peut déjà deviner le voile qui cache l’expression de la Trinité des Personnes, indissociable de l’unité de la nature divine. Ce n’est que en considérant la vie du Christ que nous pouvons y discerner la plénitude d’une Révélation – tellement au-delà des capacités créées – qu’elle est confiée à tant de croyants différents. Or, en accomplissant la plénitude de la manifestation divine – « Philippe, celui qui me voit, voit mon Père » – Jésus n’a écarté ni les pécheurs, ni les païens. C’est pourquoi Madeline Diener était si attentive à parler pour tous.

Regard sur les autres confessions religieuses

Œcuménisme spontané de Madeline

L’attachement de Madeline Diener à la Bible lui a toujours fait dépasser les oppositions entre catholiques et protestants ; en effet elle comptait autant d’amis chez les uns que chez les autres. Appelée par le curé Gilbert Marguet à restaurer le chœur de l’église catholique de Bottens, elle décida avec lui d’associer des membres des deux confessions au projet qu’elle tint à élaborer avec eux tous : la statue de la Vierge est tournée vers un tabernacle doré à la feuille en face d’un ambon également précieux. La signification de ces éléments est délivrée par la haute statue du Christ qui étend ses bras au-dessus d’une croix jaillie de l’Arbre de vie. En recourant à des symboles antérieurs à la déchirure des Guerres de Religion, chacun pouvait soutenir sa propre prière sans dénigrer celle des autres.

Choeur de l’église de Bottens, Suisse

Le regard de Madeline sur la multiplicité des autres religions

Toujours ouverte aux différentes expressions de la prière des autres, Madeline ne pouvait négliger le sens de la multiplicité des religions qui sont distinctes des références bibliques des Juifs et des Chrétiens ; celles des religions les plus connues : les religions dites primitives en Afrique, les hindous de l’Inde, les bouddhistes, le milliard de musulmans posent une question essentielle : le Créateur ne peut les ignorer, et si elles existent ce ne peut-être qu’avec sa permission. Comment alors les situer par rapport aux religions qui reconnaissent la Bible comme Parole révélée par Dieu ?

Elle apprit à partager la méditation des Asiatiques en balbutiant « Je crois en Dieu Créateur du ciel et de la terre » car l’éveil du cœur lui semblait essentiel à la sincérité de la recherche spirituelle, quelles que soient les circonstances providentielles du chemin de chaque homme. Elle entoura de respect les sculptures du calao d’Afrique de l’Ouest qui replie ses ailes pour laisser une liberté aux hommes qu’Il couve.

Calao

Une si riche expérience devait aussi inculquer à Madeline une insatiable passion d’apprendre, ce qui la conduisit sur des routes éloignées pour confronter à la vie quotidienne des gens ce qu’elle apprenait de leurs diverses traditions.